jeudi, 4 janvier 2018

Cachez ces calèches qu'on ne saurait voir

Par Ricardo Codina
L'administration du maire Denis Codère avait reçu en 2014 un rapport étoffé de l'organisme Cheval-Cheval afin de préserver et promouvoir le patrimoine vivant qu'est le cheval à Montréal : calèches, écuries, musée etc. L'édition de la Presse Plus du 21 décembre 2017 rapporte que la nouvelle administration de Valérie Plante a rendu public ce rapport et n'y donnera pas suite car jugé trop onéreux. L'édition du même jour du Devoir rapporte même que la nouvelle mairesse préparerait le retrait pur et simple des calèches à Montréal. Un dilemme entre le bien-être animal et la préservation du patrimoine vivant s’engage ainsi dans les premières semaines de l'administration Plante à Montréal.

Dans la section opinion du 4 janvier 2018 du Devoir, Gérald McNichols Tétreault, ex-membre du Conseil du patrimoine de Montréal, estime que Montréal doit préserver le patrimoine vivant qu'est le cheval canadien. Il estime, entre autre, que les lacunes que l'on reproche à l'industrie des calèches pourraient être corrigées par l'adoption de règlements adéquats ainsi que de mesure de contrôles plus coordonnées.

Au lieu de cela, déplore-t-il, ces dernières années sont marquées par un manque de recul et de réflexion sérieuse sur l'avenir économique et culturel de Montréal par rapport au cheval. L'idée même d'abandonner la calèche hippomobiles pour des calèches électriques est un non-sens qui s'inscrit en porte-à-faux a avec la loi québécoise de 2012 sur le patrimoine culturel. Pour l'auteur, l'élevage, le dressage, les métiers touchant au cheval, les vestiges matériels, écuries, véhicules hippomobiles, champs de course, attelages etc. constituent ce patrimoine. Même environnementalement parlant, le cheval se reproduit lui-même. Ses déjections sont réutilisables, sa consommation est végétarienne et il développe avec l'humain une complicité et une relation affective partagée.
Fondée en 1895, la Société des éleveurs de chevaux canadiens a permis de transmettre cet héritage de cette race de cheval. D’ailleurs, son statut patrimonial légal est reconnu par le gouvernement du Québec depuis 1999. Montréal devrait, à cet égard et toujours selon l'auteur, contribuer concrètement au sauvetage de cette race.

Pour ce faire, les lacunes reprochées à l'industrie de la calèche peuvent être corrigées par l'adoption de mesures de contrôles et de règlements adaptés aux connaissances actuelles en matière de bien-être animal. Par la suite il faut investir pour sauvegarder cette industrie mais surtout ce patrimoine vivant pour qu'il atteigne son plein potentiel culturel et économique. Cela passe par une modernisation d'une écurie et d'installations salubres et confortables. Cela vaut tant pour le cheval que pour les cochers. Attenant à ces installations, il serait important d'installer une centre de documentation, un petit musée, un espace de réception pour les visiteurs ainsi qu'un café. Le tout serait installé dans Griffintown pour des raisons historiques et aussi pour la proximité avec le Vieux-Montréal. Pour les chevaux actuellement en service, au fur et à mesure de leur retraite en un endroit approprié qui n'est pas la boucherie seraient remplacés par les chevaux de race canadienne enregistrées et élevés en fonction du travail.

L'auteur termine sa lettre d'opinion par un rappel historique de l'arrivée du cheval en Nouvelle-France : cliquez ici.