mardi, 9 août 2016

Le lait de coquerelle va-t-il remplacer un jour le lait de vache?

La répartition inégale de nourriture sur la superficie de la planète est cause de famine, nous rappelle le site Allo Médecin aujourd’hui. L’Humanité est donc présentement face à des habitudes alimentaires mal adaptée pour nourrir l’ensemble de la population. Une solution existerait pour remédier à ce problème, croit une équipe internationale de scientifiques : le lait de cafard (coquerelle comme on dit ici) de l’espèce diploptera punctata, un super-aliment qui pourrait assurer la pérennité de l’Homme aux prises avec une surpopulation importante.

 
Coquerelles

Diploptera punctata. Scott Nelson / Source : www.flickr.com / Copyright CC : https://creativecommons.org/licenses/by-nc-sa/2.0/

 
Rien de nouveau pourtant dans l’entomophagie, soit la consommation d’insectes dans son régime alimentaire, pratiquée depuis des siècles et par 2,5 milliards d’humains en 2016. Voilà pourquoi il n’est pas si étonnant qu’une équipe de scientifiques se soit tournée vers les coquerelles  de l’espèce diploptera punctata afin de trouver un aliment nutritif et peu cher. Chez cette espèce, c’est son lait qui intéresse particulièrement les chercheurs pour sa valeur nutritive exceptionnelle.

 

C’est Nathan Coussens, doctorat en biochimie de l’Université de l’Iowa et présentement à l’emploi du National Institutes of Health de Rockville au Maryland, qui a découvert il y a une dizaine d’années des cristaux de lait dans la cavité abdominale de diploptera punctata. Cette espèce de coquerelle avait la particularité d’être vivipare (donc de ne pas pondre d’œufs comme les autres espèces). Les bébés, lors de la gestation dans l’abdomen de l’insecte, sont nourris par ce lait dont la valeur nutritive est importante. En effet, l’équipe internationale de chercheurs a analysé ce lait et il s’avère hyperprotéique, nutritif et complet. Subramanian Ramaswamy, biochimiste travaillant au sein de l’équipe de chercheurs, estime que ce lait, de toute les substances nutritives existantes, une des plus caloriques. À titre de comparaison, à poids égal, le lait de diploptera punctata contient trois fois plus de calories que le lait de bufflonne.

 

Au-delà de la découverte, des questions se posent : comment reproduire ce produit en laboratoire et ensuite comment en assurer la production à grande échelle? L’équipe de Nathan Coussens a pu séquencer la substance nutritive afin de la reproduire en laboratoire. C’est à l’institut de biologie des cellules souches et de médecine régénérative de Banglore, Inde, que le séquençage du super-aliment a été fait. Il faut maintenant tester le produit afin de savoir si sa consommation courante chez l’humain s’avère toxique. Si elle s’avère viable, cette source de nourriture pourrait être une réponse à la sous-nutrition dans les pays pauvres ou aux prises avec la famine.

 

Ce lait de coquerelle pourrait être un supplément protéique  important. Sanchari Banerjee, coauteur de l’étude, déclare  que ce lait de coquerelle contient l’ensemble des acides aminés essentiels à l’humain. Il reste à créer une levure susceptible de fabriquer de façon industrielle ces cristaux de lait.

 

Cette découverte ne sonne pas le début de la fin du lait de vache mais plutôt, une source alternative de protéines laitières là où il est difficile d’en trouver ou d’en produire.

Par Ricardo Codina