jeudi, 30 mai 2019
Nos cours d'eau présentent de fortes concentrations d'antibiotiques
Par Ricardo Codina
Que ce soit ici, en Europe, en Asie ou en Afrique, les concentrations d'antibiotiques de plusieurs de nos cours d'eau sont trop élevées selon une étude parue cette semaine par une équipe de chercheurs de l'Université York dans le nord de l'Angleterre nous apprend France-Presse.
Les analyses se sont faites sur 711 emplacements disséminés dans 72 pays sur six continents. Les chercheurs y ont détecté pas moins de 14 antibiotiques dans 65% des échantillons prélevés. Lors du dévoilement de ces résultats lundi dernier lors d'un congrès à Helsinki en Finlande ils ont comparés leurs résultats aux niveaux acceptables définis par l'AMR Industry Alliance par substance.
Le résultat le plus inquiétant concerne le métronidazole que l'on utilise dans les infections de la peau et de la bouche et qui dépasse le plus le niveau d'acceptabilité dans les échantillons recueillis. À cet égard, sur un site au Bangladesh on a retrouvé des concentrations 300 fois plus élevées que l'acceptabilité. La Tamise en Angleterre n'était pas en reste sur cet antibiotique dépassant là encore le niveau accepetable de concentration dans l'eau.
Autre découverte inquiétante, la ciprofloxacine a dépassé le seuil de sûreté sur plus d'une cinquantaine de sites. Le Triméthoprime, utilisé dans le traitement des infections urinaires, a dépassé le seuil de sûreté dans le plus haut taux d'échantillons. «Jusqu'à aujourd'hui, le travail sur les antibiotiques a été majoritairement fait en Europe, en Amérique du Nord et en Chine. Souvent sur seulement une poignée d'antibiotiques», a commenté le Dr John Wilkinson à l'Agence France-Presse. La présente étude dévoile que les niveaux acceptables de concentration d'antibiotiques sont souvent dépassés en Asie et en Afrique, mais que le problème se retrouve un peu partout sur la planète. Ceci étant dit, les sites les plus contaminés sont au Bengladesh, Kenya, Ghana, Pakistan et Nigeria.
Rappelons que les antibiotiques ont été découverts il y a près de cent ans et ont permis de sauver des dizaines de millions de vies qui auraient succombées sinon à la pneumonie, la tuberculose ou la méningite. Ceci étant dit, au fil du temps, les bactéries se sont adaptées pour tolérer ces médicaments à un point tel que ces derniers deviennent de moins en moins efficaces. Nous pourrions, c'est un fait, retourner cent ans en arrière et mourir massivement de la pneumonie, des infections urinaires, de la tuberculose etc. faute de pouvoir combattre ces infections.
La résistance se développe lorsque des patients utilisent des antibiotiques dont ils n'ont pas besoin ou qui n'utilisent pas leur traitement jusqu'à la fin. La bactérie ayant alors la chance de développer une tolérance. La présence dans l'environnement de ces antibiotiques pourrait poser problème. «De nouveaux scientifiques et dirigeants reconnaissent désormais le rôle de l'environnement dans le problème de la résistance aux antibiotiques. Nos données montrent que la contamination des rivières pourrait y contribuer de façon importante», explique à Farnce-Presse Alistair Boxall un des auteurs de l'étude qui évoque ici des résultats «inquiétants».«Résoudre le problème est un défi monumental et va nécessiter des investissements dans les infrastructures de gestion des déchets et des eaux usées, des règles plus strictes et un nettoyage des sites déjà contaminés», a-t-il ajouté.