mercredi, 13 mars 2019
Mieux comprendre la résistance aux antibiotiques
Par Ricardo Codina
Des chercheurs ontariens ont affirmé au début du mois, rapportai La Presse Canadienne, avoir fait une découverte concernant les bactéries qui deviennent résistantes aux antibiotiques
Cette meilleure compréhension du phénomène pourrait aider à contrer éventuellement ce problème.
Le professeur de physique de l'Université McMaster, Maikel Rheinstädter, ainsi que l'étudiant au baccalauréat en biochimie Andree Khondker, ont affirmé à La Presse Canadienne avoir découvert comment des bactéries peuvent combattre les antibiotiques. Ces dernières rigidifient les parois de leur cellules et modifient leur charge électrique. Ce faisant, elles deviennent moins attirantes pour les antibiotiques et donc résistantes.
Les travaux des deux chercheurs ont été publiés dans le magazine Nature Communications Biology et on y découvre la technique qu'ils ont développée pour comprendre comment les antibiotiques tentent de perforer les cellules des bactéries. L'équipe s'est surtout concentrée sur un antibiotique de dernier recours la polymixine B et un gène découvert il y a quelques années par des chercheurs chinois comme responsable d'avoir permis à certaines bactéries de devenir résistantes à ce dernier. Les antibiotiques courants deviennent de moins en moins efficaces face à des bactéries de plus en plus résistantes d'où l'importance de tenter de comprendre le phénomène pour mieux le combattre.
L'équipe de chercheurs de l'Université McMaster a utilisé l'imagerie par rayon X et des simulations informatiques afin d'atteindre une résolution de niveau moléculaire et de littéralement voir comment la polymyxine B se comporte au contact des bactéries résistantes aux antibiotiques. On parle ici d'une résolution équivalente à un millionième de la taille d'un cheveux humain grâce à une technique traditionnellement utilisée en recherche physique sur les matériaux.
Le professeur Reistädter a déclaré à La Presse Canadienne : « L'idée que nous avions était de traiter toutes les maladies et les bactéries de manière distincte. Nous avons donc essayé le contraire : de voir s'il existe des propriétés communes à toutes les bactéries, s'il existe un mécanisme général de résistance à cette bactérie auquel on pourrait s'attaquer ». Ce mécanisme général, c'est que les cellules bactériennes ont une membrane qui les entoure et qui est fort fréquemment chargé négativement. Du côté des antibiotiques ces derniers ont une légères charge positive qui fait qu'ils sont attirés vers la membrane souple chargée négativement.
Le professeur Rheistädter poursuit : « Les antibiotiques pénètrent dans cette membrane et poignardent la cellule à mort. Mais les bactéries ont trouvé un mécanisme pour réduire leur charge, ce qui les rend moins attractives pour les antibiotiques, et elles ont rendu leurs membranes plus résistantes. Pour le médicament, c'est comme passer de couper du Jello à couper à travers le roc ».Les découvertes de l'équipe pourraient permettre de contourner ce nouveau mode de défense qui rend les antibiotiques peu ou pas efficaces. Optimiste, le professeur Rheistädter conclut : « Nous pensons également que nous pouvons l'utiliser pour filtrer d'éventuels candidats antibiotiques. Si les chercheurs proposent de nouvelles idées, nous pourrons rapidement les tester si elles fonctionnent.
Il va de soi que ces travaux suscitent beaucoup d'espoirs car la résistance au antibiotiques pourrait nous replonger cent ans en arrière si la situation devait s'empirer.